L'électrification s'accélère: la Flandre est-elle prête pour la flexibilité?

La politique et la gestion du réseau prennent des mesures préparatoires

La flexibilité était le maître mot de la 15e édition d'Electrify Flanders 2025, la journée de conférence sur le photovoltaïque, le stockage et l'électrification, qui s'est tenue le 26 novembre 2025 à Louvain. Les participants ont pu se faire une idée précise de la situation actuelle en matière d'électrification en Flandre et du rôle du tarif capacitaire et des tarifs dynamiques dans la transition énergétique.

Comment la politique aide-t-elle l'électrification à progresser?

Accélérer la transition énergétique

Electrify Flanders, une initiative de VZW Energie Facteur 4, avec le soutien de Bebat et PV CYCLE, et avec les fédérations d'installateurs ELOYA et Nelectra comme partenaires médias, a attiré 75 installateurs et experts du secteur. Pas mal pour une première édition un jour de grève!

Arnout Pieters, conseiller au cabinet de la ministre flamande du Logement, de l'Énergie et du Climat, Melissa Depraetere, a exposé les ambitions flamandes en matière d'électrification de la Flandre.

"Le climat change rapidement. Les conditions météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquentes", a déclaré Arnout Pieters. "Il est donc crucial que nous gardions en ligne de mire l'objectif de l'Accord de Paris sur le climat - un réchauffement maximal de 2 degrés."

"La réduction des émissions de CO₂ reste une priorité absolue, y compris pour la Flandre. La transition énergétique est non seulement nécessaire pour le climat, mais elle renforce en même temps notre autonomie stratégique et contribue à la prévisibilité des prix de l'énergie."

"Depuis 2005, les émissions flamandes ont diminué de 25%, alors que l'économie a connu une croissance moyenne de 2% par an au cours de la même période. C'est une bonne nouvelle. Aujourd'hui, nous devons surtout poursuivre et accélérer cette transition."

Plus d'électricité renouvelable et bon marché

"Le 18 juillet 2025, la Flandre a approuvé le nouveau plan énergétique et climatique. Les objectifs sont clairs: d'ici 2030, les émissions de CO₂ doivent diminuer de 40% et nous voulons produire un total de 34.259 GWh d'énergie renouvelable."

"Les grands consommateurs d'électricité seront désormais obligés d'installer des panneaux solaires", précise Arnout Pieters. "En outre, nous élargissons le MijnVerbouwLening pour les panneaux solaires. À partir du 1er janvier 2026, ce prêt deviendra même sans intérêt pour les familles aux revenus les plus faibles."

"Les maisons énergétiques se verront également attribuer un rôle plus important. Elles guideront encore mieux les gens lors de la mise en place d'une installation photovoltaïque, qu'il s'agisse de déterminer la puissance adéquate, de comparer les offres ou de trouver des installateurs fiables. En outre, le partage de l'énergie sera ouvert à tous, de manière à ce que l'énergie solaire produite localement puisse être utilisée de manière encore plus efficace."

"En outre, les taxes sur l'énergie seront réformées afin que l'électricité devienne moins chère que le gaz naturel, sans qu'une famille moyenne se chauffant au gaz naturel n'ait à payer davantage."

Plus de flexibilité

"Aujourd'hui, environ 80% des Flamands disposent d'un compteur numérique, ce qui représente quelque 2,9 millions d'appareils", a déclaré Arnout Pieters. "Ces compteurs permettent de mieux adapter la consommation d'énergie aux périodes où l'électricité est moins chère ou disponible en abondance. De cette manière, nous voulons encourager les ménages et les entreprises à organiser leur consommation de manière plus flexible, notamment en soutenant les changements de comportement."

"Les contrats d'électricité dynamiques jouent un rôle important à cet égard. À partir de 2029, chaque fournisseur d'énergie devra proposer ce genre de contrat, permettant aux consommateurs de réagir aux prix horaires. En outre, en juillet 2025, la directive européenne EMD5 a été transposée dans la réglementation flamande. Il est ainsi possible de conclure plusieurs contrats par compteur numérique, chacun pour une application spécifique. Par exemple, une pompe à chaleur peut faire l'objet d'un contrat distinct avec un profil tarifaire plus favorable."

Les ménages sont-ils prêts pour la transition énergétique?

Prêts à investir

Mais les ménages sont-ils prêts pour la transition énergétique? Le Gezinsbond, qui compte 120.000 familles membres, a mené une enquête sur la façon dont les familles flamandes perçoivent la transition énergétique. Maarten Verbiest, directeur des études au Gezinsbond: "Ce qui ressort positivement, c'est que 89% des familles ayant des enfants entre 0 et 18 ans sont propriétaires d'une maison. Elles préfèrent y vivre le plus longtemps possible et sont donc prêtes à investir dans leur logement."

"Un peu plus de la moitié des familles disposent déjà de panneaux solaires. Parmi les familles qui n'ont pas encore de panneaux, la moitié prévoit d'en installer dans les cinq prochaines années. En outre, 15% des familles possèdent une voiture électrique. Parmi les familles qui n'en ont pas encore, 43% envisagent d'en acheter une dans les cinq ans à venir."

La pompe à chaleur reste l'éléphant dans la pièce

"Cependant, la pompe à chaleur reste l'éléphant dans la pièce. Sept ménages sur dix se chauffent encore au gaz. Seuls 15% disposent d'une pompe à chaleur - et les climatiseurs représentent même 10%. Parmi les ménages qui n'ont pas de pompe à chaleur, 77% déclarent qu'ils n'en veulent pas à l'avenir. Seul un sur cinq opterait pour une pompe à chaleur en cas de panne de la chaudière actuelle. La volonté de changer est donc inquiétante: 46% trouvent l'achat trop cher et 21% craignent une consommation d'électricité trop élevée."

Le réseau électrique est-il prêt?

L'impact sur le réseau

"D'ici 2035, nous prévoyons environ 2,45 millions de voitures électriques en Flandre", a déclaré Raf Bellers, directeur de la gestion du réseau chez Fluvius. Fluvius est présent dans toutes les villes et communes et gère le réseau de gaz naturel, d'éclairage public et de basse tension dans 285 villes et communes."

"Le transport de marchandises légères s'électrifie rapidement, avec une augmentation attendue de 50% des nouvelles immatriculations entre 2026 et 2035, et il en va de même pour les poids lourds: nous prévoyons quelque 32.500 camions électriques d'ici 2035. En fait, le transport public par autobus sera entièrement électrifié d'ici là."

"Le chauffage des bâtiments a également un impact croissant sur le réseau électrique, notamment en raison de la croissance des pompes à chaleur. En outre, l'industrie reste un consommateur important: la demande d'énergie supplémentaire augmente à une vitesse fulgurante. Il existe également des défis locaux, tels que les centres de données et les installations d'alimentation à quai dans les ports."

"Pour éviter la congestion des réseaux à basse tension, des actions ciblées sont absolument nécessaires."

Le rôle des batteries des VE

"Les batteries peuvent apporter une contribution importante à l'équilibre du système énergétique", explique Raf Bellers. "Aujourd'hui, les batteries domestiques jouent déjà un rôle dans l'absorption des pics, bien que l'accent soit encore mis sur l'autoconsommation. Cependant, les batteries des voitures électriques offrent un potentiel beaucoup plus important - avec des capacités allant jusqu'à 90 kWh - par exemple dans le cadre d'applications telles que le 'vehicle-to-grid'."

"Les grands projets de batteries deviennent également de plus en plus importants: nous avons actuellement plus de 25 GW de demandes d'installations de batteries. Mais bien sûr, si tout le monde se met à charger en même temps, cela crée aussi des problèmes."

Recharge bidirectionnelle testée
L'utilisation intelligente de l'énergie est essentielle dans la transition énergétique. La recharge bidirectionnelle (souvent aussi appelée 'vehicle to grid' ou V2G) - où les véhicules électriques (VE) non seulement prélèvent de l'énergie, mais aussi la renvoient - offre un énorme potentiel. Cette technologie n'en étant qu'à ses débuts, Volta, le centre de connaissances du secteur de l'électrotechnique, a décidé de la mettre en pratique au domicile de l'un de ses employés.
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Des solutions à venir 

Fluvius a donc annoncé un plan d'investissement proactif 'no-regret' pour 2025-2034. Celui-ci comprend le renforcement de 40% des câbles basse tension - soit quelque 30.000 kilomètres -, l'adaptation de 550.000 raccordements domestiques, le renouvellement ou le renforcement de 18.000 cabines de distribution (environ un tiers de toutes les cabines flamandes) et le renforcement de 7.500 kilomètres de câbles moyenne tension.

"Au total, il s'agit d'un investissement supplémentaire de 4 milliards d'euros, en plus des investissements réguliers", a déclaré Raf Bellers. "En outre, nous nous engageons fermement à poursuivre le déploiement des 20% de compteurs numériques restants et à développer de nouvelles fonctionnalités pour nos clients, telles que les services de flexibilité: vehicle-to-grid, vehicle-to-home, partage d'énergie, vente d'énergie, etc."

Plus de puissance garantie

"Mais nous devons rester réalistes", déclare Raf Bellers. "La transition se fait plus rapidement que nos réseaux ne peuvent évoluer avec elle. Les investissements dans le réseau à haute tension (plus de 100 kVA) ont des délais de 5 à 10 ans aujourd'hui."

"Cela crée des goulets d'étranglement dans le réseau électrique, ce qui signifie que la puissance demandée ne peut plus être garantie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Cela deviendra probablement la nouvelle réalité pour les demandes de raccordement de plus de 100 kVA. Dans une grande partie de la Flandre, nous ne pourrons plus offrir une garantie permanente que ces raccordements peuvent utiliser leur pleine puissance à tout moment", déclare Raf Bellers.

Le tarif de capacité fonctionne-t-il?

Oui, il fonctionne, surtout à...

Pour lutter contre la congestion du réseau, il est essentiel de modifier les comportements. C'est pourquoi le tarif capacitaire a été introduit en 2023. "Et nous voyons que le tarif capacitaire fonctionne", déclare Pieterjan Renier, directeur général du Nutsregulator flamand (anciennement VREG).

"Les ménages flamands utilisent le réseau électrique 8,3% plus efficacement aujourd'hui qu'il y a un an. Ce sont surtout les utilisateurs du réseau qui ont des pointes mensuelles élevées - en particulier les propriétaires de voitures électriques - qui adaptent leur comportement de manière permanente au tarif capacitaire."

"En hiver, ils réduisent leur pointe en déplaçant une partie de leur consommation de la pointe du soir vers les heures de la nuit. En été, ils adaptent leur comportement de charge à la production de leurs panneaux solaires, optimisant ainsi leur autoconsommation. En moyenne, leur pointe diminue de 5%, ce qui se traduit par une réduction similaire de la charge sur les réseaux de distribution."

Facture d'électricité d'une famille moyenne: 1.275 euros

575 euros: coût de l'énergie
144 euros: coûts des OSP et prélèvements tarif kWh (procès en cours devant les tribunaux européens)
93 euros: frais d'utilisation du réseau: tarif du kWh
218 euros: frais d'utilisation du réseau: tarif capacitaire
245 euros: taxes et TVA (les droits d'accise que le gouvernement va réduire)



© Vlaamse Nutregulator

Le tarif capacitaire n'est pas encore bien connu

"Cependant, le tarif capacitaire a encore un certain potentiel. Une enquête de Fleming by us montre que 67% des Flamands ne connaissent pas le tarif capacitaire."

"Les tarifs dépendant du temps peuvent renforcer l'effet positif du tarif capacitaire. Mais jusqu'à présent, il n'y a pas de consensus entre les différentes parties prenantes sur l'introduction exacte des tarifs en fonction de l'heure d'utilisation: le signal doit-il être donné en kW ou en kWh, et quel est le calendrier de mise en œuvre souhaitable? Actuellement, ce sont surtout les initiatives des fournisseurs d'énergie qui sont envisagées", a déclaré Pieterjan Renier.

Tout le monde au tarif dynamique?

Crainte infondée de la tarification dynamique?

"Le rôle des fournisseurs d'énergie évolue: ils ne sont plus seulement des fournisseurs d'énergie, mais aussi des fournisseurs de services de flexibilité", déclare Kris Voorspools de 70GigaWatt Consulting.

Pourquoi les ménages et les entreprises ne sont-ils pas plus nombreux à souscrire des contrats dynamiques? Est-ce par ignorance ou par crainte? "C'est une combinaison des deux. Souvent, l'idée prévaut encore que si l'on ne fait pas attention une fois, on risque de s'en mordre les doigts. J'ai utilisé un cas concret pour vérifier si c'est vraiment le cas", explique Kris Voorspools.

"Par exemple, la consommation d'une pompe à chaleur dans le cadre d'un contrat variable (formule de prix basée sur l'indice du mois entier) coûte 471 € par an. En revanche, si vous faites fonctionner cette même pompe à chaleur dans le cadre d'un contrat dynamique (formule de prix basée sur l'index par quart d'heure ou par heure), et uniquement pendant les heures les moins chères, vous pouvez économiser 152 euros par an. Vous paierez alors 319 euros au lieu de 471 euros."

"Même si vous faites délibérément fonctionner la pompe à chaleur pendant les heures les plus chères - et cela demande déjà beaucoup d'efforts - vous vous retrouvez avec 597 euros par an. C'est 126 euros de plus qu'avec un contrat variable. En d'autres termes, les opportunités l'emportent largement sur les risques. Il n'y a donc pas lieu de craindre les contrats dynamiques", affirme Kris Voorspools.

Le rôle de l'EMS

Il y a encore du boulot! 

"Il est possible d'utiliser la production d'énergie solaire de manière beaucoup plus efficace en combinant une batterie domestique et un système de gestion de l'énergie (EMS)", explique Frederik Loeckx, directeur du pôle d'innovation énergétique Flux50. "Vous augmentez votre autoconsommation, vous limitez vos pics de consommation dans le cadre du tarif capacitaire et vous pouvez réagir intelligemment aux tarifs dynamiques. C'est ainsi que vous réalisez des économies, même si elles restent relativement limitées. La plus grande valeur ajoutée réside dans la décongestion du réseau. Aujourd'hui, il y a environ 7 GW de production de panneaux solaires que nous pouvons à peine contrôler."

"Pour un déploiement à grande échelle des systèmes de gestion de l'énergie, il y a encore du boulot! Les systèmes de gestion de l'énergie ne sont actuellement pas normalisés, alors que le marché évolue à une vitesse fulgurante. Les utilisateurs finaux ne s'y retrouvent plus - ce qui n'est pas surprenant", conclut Frederik Loeckx. "Ils peuvent trouver plus d'informations sur le site web maakjemeterslim.be."